Fontanges
Juillet 2012.
Fin juillet, nous descendons passer notre première semaine de vacances à Fontanges, chez Catherine, toute nouvelle habitante du village.
Halte pique-nique au pied du château de Tournoël (XIe) qui domine Volvic du haut de son éperon rocheux. Nous sommes encore dans le Puy-de-Dôme, mais on approche. Encore deux heures de route. Tournoël était une possession des comtes d'Auvergne, alliés des Plantagenêts. Le roi de France Philippe-Auguste, s'emparera du château en 1213, annexant du même coup la Basse-Auvergne. Nous sommes tentés de le visiter, mais le fait de devoir laisser le chien au soleil dans la voiture, nous fait renoncer.
Nous nous arrêtons quelques instants à Pongibaud pour jeter un oeil au Château-Dauphin. Il doit son nom aux armes de celui qui le fit construire, fin XIIe, le comte Robert Ier d'Auvergne, sur les armes duquel figuraient un dauphin. Nous ne le visiterons pas non plus. Une autre fois j'espère.
D'humeur vagabonde, nous nous écartons un peu de notre route pour aller admirer la basilique Notre-Dame des Fers d'Orcival (Puy-de-Dôme). Joyau de l'art roman auvergnat, l'église a été élevée au rang de basilique en 1894 par le pape Léon XIII. Elle a été construite par les moines de la Chaise-Dieu au début XIIe, financés par Guillaume VII, comte d'Auvergne.
Appelée Notre Dame-des-Fers pour son intercession en faveur des prisonniers. Sur les murs du transept Sud sont suspendus des boulets et des chaînes, qui sont des ex-voto déposés par des prisonniers libérés après avoir prié Notre Dame d'Orcival. Mal éclairée à l'intérieur, je n'ai pas réussi de photo nette de la statue de Notre-Dame des Fers. Tant pis.
Le relief accidenté du site a dicté aux hommes qui l'ont construit la proportion particulière de l'édifice : le flanc de la vallée a dû être entamé pour permettre de construire la façade
La chaîne des puys et le puy de Dôme, se découpent à l'horizon, alors que nous revenons d'Orcival pour rejoindre notre itinéraire.
Ca y est, nous y sommes. Vue de Salers, de l'esplanade de Barrouze sur Saint-Paul de Salers et la vallée de la Maronne. Au fond, on distingue le Puy Violent près des nuages
Spectacle quotidien quand on monte à Salers, ces ânes ne quittent pas leur monticule. "Amazing" dirait quelqu'un de ma connaissance.
Première petite balade jusqu'à la route des crêtes pour admirer le panorama sur Fontanges, de la route de Saint-Chamant.
La route des crêtes au-dessus de Fontanges. Dans le fond, on devine le village de Salers. C'est qu'il fait chaud ici !
A deux pas de chez Catherine, on peut admirer une maison noble, reconnaissable à sa tour, signe extérieur de richesse.
A cent mètres, le château de Lamargé (XVIe-XVIIIe) se dissimule derrière son mur. Il appartient aujourd'hui à des Anglais.
Partis pour une longue balade autour de Fontanges, nous perdons le sentier et nous nous retrouvons sur la route des crêtes.Rien à redire, nous sommes des pros de la rando !... Des gentianes poussent en bord de route. C'est avec la racine de cette plante que se fabrique la Salers, apéritif local très amer. Moi qui ai un goût naturel pour les curiosités locales, la première fois que j'en ai bu, ça m'a laissé... Perplexe. Mais bon, depuis je m'y suis fait.
Nous poursuivons sur la route des crêtes dans l'idée de rallier le Rouffet où nous avons un point de chute chez Mamie Jeanine. La photo a été prise à proximité du col Saint-Georges, qui relie les vallées de l'Aspre et de la Bertrande
Parti en vadrouille, je découvre ces peintures du XVe, qui décorent les stalles de l'église de Saint-Chamant. Elles proviennent de l'ancienne église collégiale détruite en 1793. Les peintures sont superbes, malheureusement, je ne suis pas doué pour prendre des clichés en intérieur et toutes les autres sont floues.
Façade du château de Saint-Chamant. A l'origine, c'est le fief de Robert de Balsac, chambellan du roi Louis XI et sénéchal de Gascogne
Le château de Saint-Chamant domine la vallée de la Bertrande. Le donjon est du XVe, le logis du XVIIe.
Ancienne porcherie, ou quelque chose comme ça, dans le hameau de Cors, en amont du bourg de Saint-Chamant. Non loin a été découvert un abri sous roche daté du Magdalénien, faisant remonter la présence humaine dans cette région à plus de 10 000 ans.
Petite balade improvisée autour de l'église de St-Martin Valmeroux. Au XIIIe, c'était une importante seigneurerie appartenant à l'Evêque de Clermont
Saint-Martin Valmeroux était l'ancien siège du bailliage des Montagnes de Haute-Auvergne, avant que Salers ne lui ravisse le titre en 1580, et ne condamne le bourg à sombrer dans la torpeur.
Histoire de changer de paysage, nous partons passer une journée en Corrèze. Nous nous arrêtons un moment à Pléaux (prononcez "Pléu". Je sais, c'est pas facile), commune du Cantal limitrophe avec la Xaintrie Corrézienne. Cité médiévale, elle possède de nombreuses maisons nobles, dont la maison Dapeyron, rue d'Empeyssine.
Eglise Saint-Sauveur de Pléaux. D'importants travaux de restauration ont été effectués depuis les années 60.
Les fermes médiévales de Xaintrie, à St-Julien-aux-Bois. Le Puy d'Arrel est une reconstitution fidèle de chaumières aux murs de pierre et toits de chaume dans leur environnement de jardins et verger. Crée en 2006 par Pierre Gire, aidé de sa famille, le village s'étend sur 7 hectares et permet de se plonger dans la vie des paysans du XVe siècle
Retour dans le Cantal pour faire quelques courses à Mauriac... Et manger une glace ! Nous visitons l'église Notre-Dame des Miracles, élevée au rang de basilique en 1921. Sa construction s'est étalé sur un siècle, du XIIe au XIIIe siècle. Le site remonte à la période gallo-romaine.
Superbe cuve baptismale polychrome du XIIe siècle, rare en Haute-Auvergne (une autre se trouve dans l'église de Chalvignac). Malheureusement, ma photo ne rend pas bien la réalité des couleurs.
La Vierge Noire, Notre-Dame des Miracles. Transformée après les dégradations de la Révolution (d'assise, elle devient debout). Elle sort en procession le dimanche suivant le 9 mai
Tour de l'horloge dans la rue du Beffroi à Salers. C'est un vestige des fortifications du XVe qui cernaient la cité.
La maison du bailliage, construite en pierre de lave (d'où sa couleur noire), trône sur la place Tyssandier d'Escous. C'était l'Hôtel particulier du bailli.
La Maison dite "des Templiers", est en réalité du XVe et les Templiers ont cessé d'exister en 1312. Toutefois, elle a appartenu à l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (aujourd'hui Ordre de Malte). D'où peut-être la confusion.
Dès le XIe, il est fait mention des barons de Salers, chevaliers qui participèrent à la 1ère et à la 7ème croisade
À partir de 1428, la ville de Salers se fortifie dans sa partie haute. Les portes du Beffroi et de la Martille faisaient partie de ce système de défense (qui comportait à l'origine quatre portes, une vers le chemin des Loups, une vers l'actuelle salle des fêtes).
La porte de La Martille. La fortification était due à la lassitude des bourgeois d'être systématiquement pillés lors des incursions des routiers anglais commandés par Rodrigue de Villandrando.
En milieu d'après-midi, Sophie m'entraîne en expédition vers le bois pétrifié. Nous partons de La Bastide pour remonter le torrent les pieds dans l'eau en faisant (plus ou moins) attention de ne pas trop nous mouiller
C'est plutôt glissant. Heureusement, des malins ont creusé de petites marches au piolet pour nous faciliter l'ascension
La Peyre del Cros (1060 mètres). Après avoir coupé à-travers champs pour ne pas emprunter le même chemin qu'à l'aller, nous nous égarons un peu, mais tous les chemins menant à Rome, nous retrouvons la route de La Bastide
Le château de La Vigne se trouve sur la commune d'Ally, à 15km à l'ouest de Salers. Il est construit à l'emplacement d'un ancien vignoble, d'où son nom. C'est la troisième reconstruction d'un château sur ce site
A-partir du XIIIe siècle, le château devient le lieu de séjour de la famille de Scorailles à la place de l'ancienne forteresse d'Escorailles. Comme beaucoup de châteaux de la région, il a été largement modifié au début du XIXe dans un style "Troubadour"
Salle de justice au sommet de la tour carrée. C'est l'ancien cabinet d'archives (XV-XVIe). La pièce est couverte de fresques. Malheureusement, les photos sont interdites. J'en vole une innocemment.
Entrée du château d'Auzers. Les toitures sont en lauzes (schiste) et sont maintenues à l'aide de chevilles de bois
Nouvelle escapade en Corrèze. Cette fois, nous partons visiter les Tours de Merle (Saint-Geniez-ô-Merle). Cet ensemble médiéval se dresse sur un éperon rocheux haut de 200m, cerné par un méandre de la Maronne
Les Tours de Noailles et de Pesteils (XIII-XIVe). Au premier plan, se dresse le fort de Carbonnières (XIII-XIVe)
Maison paysanne, oeuvre de Pierre Gire, avant qu'il ne quitte le site pour créer les fermes médiévales de Xaintrie.
La chapelle Saint-Léger a été édifiée vers 1250 par Aymar de Merle. Cédée au chevaliers de St-Jean de Jérusalem mi-XIVe, la chapelle leur servira de commanderie
L'accès à la tour de Noailles se faisait par un escalier de bois (la porte étant à 4,5m de haut). Au pied de la tour, se devinent les vestiges de la cour fortifiée
Vue sur la petite vallée de l'Aspre, de chez Mamie Jeanine, au Rouffet (commune de Saint-Projet de Salers)
Notre-Dame de Claviers. Sans doute l'une des plus belles Vierges polychrome de Haute-Auvergne. André Malraux lui a rendu hommage dans son inventaire imaginaire.
Les modillons sont l'oeuvre de Jean Ribes, un sculpteur originaire de Fontanges qui a beaucoup contribué à la restauration du petit patrimoine cantalien.
Château d'Auzers. Edifié en 1364, en pleine guerre de Cent Ans, c'est alors un château-fort. Reconstruit au XVIe, sa conception architecturale a conservé l'esprit médiéval.
Le château est habité par la même famille depuis le XVe, même s'ils préfèrent désormais loger dans les communs que dans le château lui-même (inchauffable). Il faut croire que le sang bleu est moins résistant qu'autrefois.
Après la visite, nous faisons la balade dite du "Marilhou", du nom de la petite rivière qui coule en contrebas du château. La balade s'avère décevante et ne nous marquera pas, hormis la longue grimpette finale qui m'aura bien fait transpirer... Pfff !!! En plus, on ne voit rien, nous sommes sous les arbres !
Passage à Anglards-de-Salers pour admirer le château de La Trémolière (XVe) que nous ne visiterons pas, peu attirés par les tapisseries d'Aubusson. C'est un joli manoir, mais de là à appeler ça un château, les propriétaires devaient être de Marseille (ou quelque chose comme ça)
D'Anglards-de-Salers, nous remontons la vallée du Mars et découvrons le Puy Mary au loin avec ses 1 783 mètres... Mary, ou Marius, était un saint évangélisateur de la Haute-Auvergne (III-IVe). Ses reliques se trouvent à la Basilique Notre-Dame des Miracles de Mauriac
Le lendemain matin, je monte jusqu'au col de Néronne (1242 mètres) pour admirer la vue sur la vallée de la Maronne.
Salers vu du quartier de Malprangère. On distingue à droite l'emplacement de l'ancien château féodal, rasé à hauteur d'infamie en 1666.
La veille de notre départ, nous nous offrons un survol des monts du Cantal. Nous décollons de bon matin de l'aéroclub d'Aurillac, par un temps superbe.
Fontanges et la vallée de l'Aspre, facilement identifiable à ses deux hangars agricoles flambants neufs qui jurent dans le paysage. Je sais bien qu'il n'y a pas que des touristes dans la région, mais quand même...
Survol de Salers. On distingue nettement l'ancienne motte féodale, sur laquelle se dressait autrefois le château, rasé "à 3 pieds du sol", sur ordre de Louis XIV à l'époque des Grands Jours d'Auvergne.
Les Grands Jours d'Auvergne eurent lieu à Clermont et au Puy en 1665 pour réprimer les abus commis par une partie de la noblesse de la province. Cela concernait aussi bien les hobereaux rapaces et brutaux, que les juges locaux corrompus, trop accommodants pour les nobles et souvent impitoyables pour les gens du peuple. Il y eut près de 12 000 plaintes ! En contribuant à affirmer l’autorité du roi, les Grands Jours ont été l’un des instruments de mise au pas de la noblesse après les troubles de la Fronde.
Nous faisons le tour du puy Mary. On distingue sur le côté droit le long escalier qui mène du Pas de Peyrol au sommet.
Le cockpit de notre appareil. Le pilote me laisse tenir le manche quelques instants (facile, y a rien à faire) avant de me déstabiliser en modifiant l'assiette de l'avion. En fait, c'est pas facile du tout. Les membres de l'équipage à l'arrière n'étant pas très rassurées, l'expérience n'ira pas plus loin.
Survol du château de Pesteil, que nous avons prévu de visiter sitôt retournés sur le plancher des vaches.
Et voilà, la demi-heure est déjà passée. Super souvenir avec un temps ensoleillé. Si les vitres avaient été propres pour mes photos, cela aurait été parfait. Mais bon... Notre bolide est le plus ancien de l'aéroclub, mais le plus fiable, au dire de notre pilote
Après avoir quitté l'aéroclub, nous nous présentons à l'entrée du château de Pesteil. Nous sommes les premiers clients de la journée. Le temps que le proprio nous allume les intérieurs et nous entrons. Le château domine le village de Polminhac et la vallée de la Cère.
Pesteils a été construit entre le XIIIe (donjon), le XVII (logis) et le XIXe (pavillons néogothiques). Lui aussi a été largement "troubadourisé" au XIXe