Val de Loire
Mai 2013
C'est parti pour un séjour d'une semaine en Touraine en ce début mai bien maussade. Je pars en solitaire, puisque Sophie n'a pas pu prendre de congés en même temps que moi. Elle partira un peu plus tard. J'en profite pour réaliser ma campagne de vin de printemps, bien que 2012 ne s'annonce pas comme une grande année. On verra bien.
- Château de Châteaudun
- Donjon de Montrichard
- Château de Fougères-sur-Bièvre
- Château de Brézé
- Vendôme
- Lavardin / Trôo / Manoir de la Possonnière
Sur la route de la Touraine, arrêt à Châteaudun pour jeter un oeil au château à proximité duquel je passe depuis des années. Bâti sur un éperon rocheux, il domine le Loir et occupe un site stratégique entre Beauce et Perche
En 1419, Charles VII fait don du comté de Dunois à son demi-frère Jean, le Bâtard d'Orléans, dit Dunois, compagnon de Jeanne d'Arc
Maison de la Vierge ou loge des Portiers (début XVIe). Elle jouxtait l'une des portes à herse de l'ancienne cité, la porte d'Abas (celle où s'engouffrait le vent d'en bas)
Le donjon cylindrique est typique du XIIe. C'est le seul vestige de la forteresse médiévale. Il mesure 31 mètres de haut, auxquels il faut ajouter 15 mètres de toiture rajoutée par Dunois. C'est d'ailleurs ce qui l'a préservé des dégradations du temps.
En 1694, le château revient aux ducs de Luynes. A la Révolution, il sert de caserne. Mis à mal par les prussiens lors de la guerre de 1870, l'Etat s'en porte acquéreur en 1938 et le fera restaurer par l'architecte Jean Trouvelot
Visite des ruines du château de Montrichard, construit au début du XIe siècle par le comte d'Anjou Foulques Nerra, alors en lutte avec Eudes de Blois. Philippe Auguste assiègera le château en 1188 et le détruira partiellement
En 1461, Louis XI échange ses seigneuries de Gourmay et de la Ferté en Bray, contre la seigneurie et le château de Montrichard avec Guillaume d'Harcourt... Comme quoi, le monde est petit !
La maison du passeur sur le Cher, aux eaux gonflées par les précipitations de ces dernières semaines.
Balade en Blésois pour découvrir le château de Fougères-sur-Bièvre. Étrangement à l'écart des circuits touristiques, ce château était à l'origine vassal des comtes de Blois (XIe)
Pendant la guerre de Cent Ans, le château tombe aux mains des anglais. Vaincus, ces derniers l'abandonnent en l'état de ruine en 1429
En 1470, Pierre de Refuge, Trésorier de Louis XI, fait du château une véritable forteresse. En fait, c'est un anachronisme : un château-fort en pleine Renaissance !
Après la Renaissance, le château perdra peu à peu son allure militaire. Les douves seront comblées, le pont-levis supprimé, les ouvertures aggrandies
Fougère-sur-Bièvre en contre-jour. L'endroit vaut franchement le détour. Il fait partie du Centre des monuments nationaux, organisme qui gère une centaine de monuments appartenant à l'État.
Avant d'aller déguster le Chinon des Caves Angelliaume, nous nous arrêtons à Cravant-les-Côteaux pour admirer le chevet de l'église du XIIe
La nef est datée du IXe et le porche (X-XIe) est considéré comme l'un des plus ancien de France. Dommage qu'on se soit garés juste devant.. M'enfin, on ne savait pas ce qu'on faisait à ce moment là.
La centrale nucléaire de Chinon-Avoine vue du panorama de Candes où nous pique-niquons. Située entre Saumur et Blois, c'est la plus ancienne centrale nucléaire de France (1963).
La confluence de la Vienne et de la Loire forme le passage de la Loire-rivière à la Loire-fleuve. C'est la transition entre le Val de Loire et le Val d'Anjou.
Laissant les parents faire une sieste dans la voiture, je vais visiter le château de Brézé (entre Saumur et Montreuil-Bellay) avant de nous rendre sur Bourgueil (Restigné), au domaine de La Chevalerie... Le billet d'entrée n'est pas bon marché.
L'existence du premier château souterrain dit, La Roche de Brézé, est attesté vers 1063. Les fossés sont creusés au XVe en même temps que le 1er château médiéval fortifié
Les parois des douves sèches sont creusées de vastes salles souterraines destinées au stockage. Malheureusement, mon appareil n'étant pas performant en intérieur, vous ne verrez pas de photos des salles et galeries creusées dans la roche.
Le pont-levis. Les piles reposent sur des blocs de tuffeau qui montrent le premier niveau de creusement
Il est difficile d'imaginer l'aspect du château médiéval car il a laissé la place à un château Renaissance restauré et aggrandi au XIXe
La Grande Galerie (XIXe), accueille les portraits des plus illustres membres de la famille Dreux-Brézé. Parmi eux, Henri-Evrard, marquis de Dreux-Brézé, envoyé par Louis XVI comme porte-parole lors du serment du Jeu de Paume. Il se verra répliquer par Mirabeau la célèbre phrase : "Monsieur, allez dire à votre Maître que nous sommes ici de par la volonté du peuple et que nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes".
La famille de Dreux-Brézé avait en charge la fonction de Grand Maître des Cérémonies des rois de France au XVIIIe et au début du XIXe. L'actuel propriétaire, Jean de Colbert, est un descendant des Marquis de Dreux-Brézé par sa mère et du célèbre ministre de Louis XIV par son père (comme quoi, ils ne se sont pas tous fait rafraîchir la nuque à la Révolution)
La Maison des Pages, à flanc de coteau et semi-troglodytique, serait la plus vieille maison d'Amboise
Visite de Vendôme (9 mai). Une partie du Loir a été détourné pour se déverser dans les anciennes douves ceinturant la ville
En 1623, César de Vendôme (fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrée), fonde ici un collège qui deviendra une école militaire fin XVIIIe, puis le lycée Ronsard en 1930. Aujourd'hui, c'est l'Hôtel de Ville
L'ancien hôtel du Bellay, devenu hôtel du Saillant... Aujourd'hui, c'est tout simplement l'office du Tourisme
L'abbaye bénédictine de la Trinité a été fondée au XIe, à l'initiative du comte d'Anjou, Geoffroy Martel
"La pêche miraculeuse", décor de la salle capitulaire, dégagé en 1972 et protégé par une vitre, d'où le reflet
La statue de Rochambeau, natif de Vendôme, et vainqueur des anglais à Yorktown lors de la guerre d'indépendance américaine.
La rue Saint-Jacques et le porche de l'ancien lycée Ronsard (dont la maison se trouvait juste à-côté). Balzac fut élève de ce lycée
L'abbaye de la Trinité et l'ancien quartier militaire Rochambeau, vus du parc du château où nous pique-niquons.
Eglise romane du prieuré Saint-Genest (XI-XIIe). Elle présente la singularité d'avoir un clocher-porche aux baies en partie murées. L'église a eu sa partie supérieure détruite en 1590 et remplacée par un toit de charpente.
A l'intérieur, de nombreuses fresques datées du XII-XVe nous apparaissent. Celles-ci ont été cachées sous un enduit à la chaux pendant des siècles et ont été redécouvertes en 1913... Lavement des pieds. Les apôtres attendent leur tour
Christ en majesté dans une mandorle, entouré du tétramorphe (c'est un peu technique les trucs religieux)
Saint Antoine que l'on priait pour le Feu de St Antoine (ergot de seigle), entouré d'ex-votos en forme de pieds et de mains
La forteresse des comtes de Vendôme (fin XIIe) succède à la motte féodale des premiers seigneurs de Lavardin (début XIe)
Le châtelet. On ne pourra malheureusement pas visiter le château ni admirer le panorama du haut du donjon... Une autre fois peut-être (ou pas).
Complètement remanié aux XIIe et XVe siècles, il fut enlevé aux Ligueurs en 1589, puis démantelé en 1590 sur ordre d'Henri IV
Après Lavardin, notre périple se poursuit à Trôo. C'est Geoffroy Martel, comte d'Anjou, qui fit ériger l'enceinte clôturant le castrum de Troô.
Trôo. Le Puits qui Parle. Il a alimenté les habitants de l'ancien castrum jusqu'à l'installation de l'eau courante en 1972. Si sa margelle semble dater du XVe, il est lui, beaucoup plus ancien, au moins du XIe siècle. Profond de 45 mètres, creusé dans la roche comme un fût, son fameux écho a donné lieu à plusieurs légendes.
La motte féodale, édifiée sur l'emplacement d'un ancien oppidum Celte. Les carrés de plantations sont d'un effet plutôt moche.
Manoir de la Possonnière, demeure natale de Pierre de Ronsard (1524-1585). Il y vécut ses douze premières années.
Les Ronsards, sergents-fieffés (garde-chasses) des comtes de Vendôme, sont présents sur le site dès le XIVe
Loys de Ronsard (son père), de retour des guerres d'Italie, orna vers 1515 le manoir de sculptures qui apparaissent comme étant une des premières manifestations de la pénétration de la Renaissance italienne en France, et de devises qui sont autant de rappels des philosophies chrétienne et païenne.
En quittant l'Anjou pour revenir sur la Touraine, nous découvrons par hasard cette curieuse bâtisse à Saint-Laurent-en-Gâtine. Il s'agit de La Grand'Maison (XVe), ancienne résidence des abbés de Marmoutier. Elle a été transformée en église en 1877... Insolite.
Et voilà, la semaine s'achève. J'ai fait le plein de vin (Touraine-Amboise - Saint-Nicolas de Bourgueil - Bourgueil - Chinon). Je n'ai plus de place dans la voiture ! Il ne me reste plus qu'à rentrer mettre tout ça en bouteilles et à faire mes comptes (aïe !)