13 Nov

Gerberoy

Publié par Fred/ - Catégories : #Picardie

Septembre 2013

Balade à Gerberoy, petit village classé parmi les "Plus Beaux Villages de France". Il est situé dans le Pays de Bray picard, à la frontière entre Picardie et Normandie.

L'histoire du village est lié à sa position stratégique entre la France et la Normandie. Il a été de nombreuses fois le témoin de l'affrontement des puissances Françaises et Anglo-Normandes.

Maisons à colombages dans la rue du Logis du Roy

En 912, afin de mettre fin aux pillages et aux incursions vikings, le roi Charles le Simple attribue à Rollon ce qui deviendra la Normandie, mais qui ne comprend alors qu'un territoire autour de Rouen (grosso modo, la Haute-Normandie). C'est le traité de Saint-Clair-sur-Epte. La forteresse, située à la frontière franco-normande, devient dès lors une place stratégique. Normands et Français, puis Anglais et Français se la disputeront du XIe au XVIe siècle.

On a du mal à imaginer que ce petit village paisible fut l’une des sentinelles de la frontière française et une forteresse redoutable. A proximité, de l'autre côté de l'Epte, commençait le territoire anglo-normand. Quand le duc Guillaume de Normandie, conquiert l’Angleterre en 1066, il devint plus puissant que son suzerain et les rois de France durent défendre âprement leur territoire.

La Collégiale saint-Pierre a eu une histoire tourmentée. Construite en 1015, brûlée en 1418, elle est reconstruite entre 1451 à 1468. Son clocher a été érigé près d'un contre-fort de l'ancien donjon castral, aujourd'hui disparu.

Quelques dates relatives à Gerberoy :

Début 1079, Guillaume le Conquérant affronte, près de Gerberoy, son fils Robert Courteheuse, allié au roi de France Philippe Ier. Cette bataille voit la défaite du roi d'Angleterre, qui est même blessé au cours des affrontements.
En 1418, les Bourguignons s‘emparent de la ville, brûlent la collégiale et plusieurs maisons. Occupée ensuite par les Anglais, elle est reprise en 1432 par le comte de Clermont (entre Beauvais et Compiègne) qui « ruine la place, dont les habitants ont fui, afin d’ôter tout moyen aux ennemis de la France d’y venir faire retraite ».
En 1435, pendant la guerre de Cent Ans, Gerberoy est a nouveau le lieu d'une bataille. Un vallon face à Gerberoy, s'appelle depuis le "Val d'Arondel", du nom du comte d'Arundel, seigneur anglais qui y fut défait par les troupes françaises. Bien que la ville, avant et après, ait été le théâtre de nombreux autres faits de guerre, cette bataille est restée la plus célèbre dans la mémoire locale.
Durant les Guerres de Religion, Gerberoy est pillée et ruinée à plusieurs reprises.

Ses murailles seront ensuite démantelées et la ville cessera définitivement d'être une place forte.

Portail de briques dans la rue du château

Cadenas fantaisie.

Les ruines de l'ancienne forteresse ont été transformées par le peintre post-impressionniste Henri Le Sidaner, en un jardin que l’on devine depuis la promenade des remparts.

Sur les conseils du céramiste Auguste Delaherche (natif de Beauvais), le peintre Henri Le Sidaner s'installe à Gerberoy en 1900 et découvre une cité moyenâgeuse tombée dans l'oubli. Le petit village lui inspira plusieurs centaines de peintures. Il en fera aussi une œuvre d'art en couvrant de fleurs (notamment de roses) son jardin et l'ensemble de la petite cité. Cela n'est pas sans rappeler le travail de Claude Monet à Giverny, les deux villages comptant à peu près le même nombre d'habitants. Le Sidaner restaura et embellit l'ensemble de la vieille cité, où chaque 3e dimanche de juin, on célèbre encore la fête des roses qu'il a initiée.

Portail de verdure

Ancienne porte de Gerberoy.

L'ancienne mairie et les halles de Gerberoy, dans la rue Le Sidaner.

L'expression « Oise normande » a été créée pour valoriser le patrimoine local, dont les maisons à colombages et son appartenance traditionnelle au pays de Bray évoquent la Normandie. Cependant, cette région n'en a historiquement jamais fait partie.